Une Tempête

Aimé Césaire nous propose cette réécriture anticolonialiste, adaptée pour un théâtre nègre, qui apporte un relief accru aux rapports entre maître et esclave. L’intrigue et les personnages restent les mêmes que dans La Tempête de Shakespeare, mais Propsero et Caliban, que vous découvrez ici, vont porter au premier plan le combat des esclaves pour la liberté.

En hommage au plus célèbre des martiniquais, le théâtre de Fort-de-France a demandé à William Mesguich de mettre en scène cette nouvelle version de Une Tempête. Nous avons donc embarqué, en équipe réduite, direction les caraïbes pour créer cette pièce de théâtre mythique sur l’île aux fleurs.

La chose qui saute aux yeux lorsqu’on débarque en Martinique, c’est l’explosion de couleurs. On réalise alors qu’en métropole et sur le vieux continent en général, les couleurs sont très peu présentent dans la vie courante.
J’ai appliqué ce principe aux costumes de la Tempête. Les italiens sont tous vêtus en nuances de noir et blanc, leur donnant un aspect à la fois élégant mais triste. Cela reflète le contexte de jalousie et d’intrigues qui règne dans le camps des italiens. Le prince, en dominante gris perle, incarne le souffle d’un avenir plus lumineux dans un monde grisonnant.

Le balisier, vous connaissez?

Cette plantes tropicale à fleurs rouges ou jaunes est originaire des Antilles. En Martinique le balisier est devenu un symbole fort, associé à Aimé Césaire et à son parti politique.

Pour le costume de Miranda, princesse de l’île, j’ai choisie de rendre hommage à la Martinique et à l’auteur d’Une Tempête, en réalisant une robe balisier.

Une superposition de cuir écarlate, bordé de biais, forme les pétales de la fleur. Une patine apporte de la texture à la matière et renforce l’effet de volume du balisier, tandis que des franges, en dégradé de vert, évoquent les tiges des plantes qui s’enchevêtrent dans la nature tropicales. Le rôle de Miranda est interprété par Audrey Pamphile.

Le costume de Prospero reflète les différentes facettes de ce personnage complexe. Cet ancien duc de Milan, a été envoyé en exil sur l’île, à cause des machinations de son frère Antonio. Le brocard qui forme son col de robe et double sa cape montre la richesse de ce noble déchu. Déchu de son titre certes, mais vainqueur dans son combat contre la sorcière Sycorax.

Le dégradé d’or qui illumine la tenue de Prospero évoque ses nouveaux pouvoirs. Devenu maître de l’île en contrôlant les éléments, Prospero est un magicien érudit. Son kufi (bonnet d’homme porté principalement en Afrique de l’ouest) symbolise sa sagesse et son âge, tout comme son postiche de bouc grisonnant. Le rôle de Prospero est interprété par Garry Cadenat

Savoir mettre en valeur son travail est devenu indispensable à l’heure ou les réseaux sociaux ont pris une telle ampleur. Pour présenter un costume, rien de tel qu’une belle photographie.

Pour le portrait d’Antonio, usurpateur du duché de Milan, je me suis inspirée de l’esthétique des tableaux du Titien et de François Clouet.

Un décor sombre, dans lequel se fond un costume, que l’on ne distingue que par les jeux de lumière sur la matière. Une collerette blanche illumine le visage, tandis qu’un pendant en perle apporte de la brillance à l’ensemble. Le rôle d’Antonio est interprété par Michaël Haustant.

L’histoire de La Tempête est contemporaine à son auteur original : W.Shakespeare. On situe donc l’action au début du XVIIème siècle. À cette époque la mode masculine est encore très inspirée de la Renaissance, et ce particulièrement en Italie. Ampleur et somptuosité sont au rendez-vous dans chaque costume.
Pour reconnaître le roi parmi ses courtisans, rien de tel qu’un manteau d’hermine, qui le drape immédiatement d’une prestance royale.

Son Altesse le prince Ferdinand de Naples, joué par Yohan Levostre, porte comme son père le roi, des cuissardes en cuir et un collier de pierres précieuses, qui affiche le noble statut et la richesse du prince de Naples.

La chemise d’un blanc immaculée est bordée de dentelle, le pourpoint en damas gris perle et rehaussé de pièces incrustées de fils d’argent, le baudrier est garnis de perles et la cape agrémentée de fourrure.

Pour Une Tempête, en plus des costumes, j’ai réalisé les postiches et les perruques et supervisé le maquillage. Gonzalo, arbore ainsi une moustache guidon. Son costume quand à lui est agrémenté d’empiècements en damier qui illustre l’esprit stratégique du conseiller du roi de Naples.