Surcouf roi des Corsaires

Narratrice

Le costume de ce personnage nous éclaire tel un phare qui nous guide à travers l’Histoire.

Le Quatuor du spectacle :

Surcouf

Pour le roi des corsaires, j’ai réalisé un gilet dans le style des officiers de hussard.

Si ce n’est pas un style commun à la marine, on trouve pourtant des racines communes aux hussards et aux corsaires. Etymologiquement le terme “hussard” dériverait du latin “cursor” (courseur, courreur, messager), dont vient également le mot “corsaire”.

Par ailleurs, les hussards formaient un commando d’élite réputé pour apparaitre là où l’ennemi ne l’attendais pas et faisant preuve d’un courage exceptionnel, qualités dont Surcouf et son équipage ont également fait preuve.

Taillé d’un seul tenant dans une peau très épaisse, la ceinture-corset présente une carte des voyages de Surcouf. C’est avec de la teinte à cuir que j’ai tracé une à une les lignes qui forment cette carte unique.

Marie-Catherine

Jusqu’en 1950 le chapeau est un accessoire incontournable. Seules les prostituées sortent tête nue.

Durant le Ier Empire le chapeau à la mode est le cabriolet ou la capote. Glissé sur le chignon de nuque, ce chapeau à la forme arrondie encadre le visage et se noue sous le menton avec un ruban dit « à la Paméla ».
Le manteau, taille haute avec ses larges plies dans le dos, s’accorde avec le chapeau dont la large visière est recouverte du même tissu. Des plumes d’autruches, de dentelle et des perles agrémentent la capote tandis qu’un sobre boutonnage en nacre ferme le manteau.
Cette tenue reflète parfaitement la simplicité sophistiquée du personnage de Marie-Catherine.

Virgile

Le début du XIXème siècle marque le grand retour du noir dans le vestiaire masculin.
La couleur du deuil n’a jusqu’alors jamais été très utilisée, si ce n’est au début du XVème siècle, sous l’influence de l’austère cour d’Espagne.

Historiquement, la teinte noire était très compliquée à obtenir et donc coûteuse et réservée aux classes supérieures. Elle symbolisait le pouvoir : celui de l’Eglise, puis des magistrats et des fonctionnaires.

Avec l’Empire, le noir se démocratise, il devient « pratique » et surtout, il marque une rupture avec l’arc-en-ciel de couleurs pastel qu’arborait la royauté.

Le noir s’impose comme l’emblème de la virilité, de la discrétion et de l’élégance. Il devient la norme dans une palette de couleurs de plus en plus restreinte. Il gomme les distinctions pour créer une sorte d’uniforme civil qui va perdurer jusqu’à nos jours.

Adèle

Toujours dans la mode Empire avec ce modèle en taffetas changeant bleu et rose. Un corsage croisé en résille dorée maintient un drapé de mousseline de soie. Le dégradé de couleurs évoque un levé de soleil sur la mer, tout en nuances et en reflets scintillants.

Les rôles secondaires

Père de Marie-Catherine

Gentilhomme récemment anobli, le père de Marie-Catherine pourrait presque passer pour un aventurier avec son gilet et ses manchettes en mappemonde. Mais c’est un armateur, les bateaux lui appartiennent mais il reste à terre, se contentant d’en tirer des bénéfices.

Cet habit nous fait découvrir le début de la mode empire, avec un gilet et une veste plus courte qu’au XVIIIème siècle. Une cape drapée à la romaine et un haut-de-forme terminent un look à la pointe de la mode pour ce début XIXème siècle.

Pour affirmer le statut social du personnage, les couleurs du costume sont claires. En effet, ces couleurs sont généralement portées par les nobles car elles sont salissantes et les teintures sont coûteuses. Ici la couleur sable rappel les nuances du paysage cotier et le bleu s’accorde au manteau de Marie-Catherine.

Capitaine Tardivel

L’histoire de Surcouf nous fait traverser un tournant dans l’histoire de France. Nous commençons le spectacle sous le règne de Louis XVI et le Capitaine Tardivel, en fervent royaliste, arbore avec fierté les symboles du pouvoir monarchique.

Le bleu azur est la couleur officielle de la monarchie depuis le XIIIème siècle. Le manteau du Capitaine et l’une des plumes de son chapeau sont teint dans cette couleur. La doublure et les revers, dudit manteau, ne sont pas en reste puisqu’ils sont parsemés de fleurs de lys stylisées, également symboles de la royauté.

Royaliste, Tardivel n’en reste pas moins marin avant tout avec son pantalon à pont, que l’on ne porterait jamais à La Cour du roi ! Quant à la boussole épinglée à sa cravate, elle nous rappel que nous avons à faire au Capitaine, celui qui choisit le cap!

Rose et Charles Surcouf

Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle la mode féminine se simplifie et les opulentes tenues rococo sont peu à peu remplacées par des robes plus pratiques, inspirées de la mode anglaise.
Cette robe, dite “redingote”, s’adapte d’autant mieux à la vie en province avec ses paniers étroits dont le volume est davantage projeté vers l’arrière que sur les côté, ce qui simplifie les gestes du quotidien.

Si la mère de Surcouf représente une classe sociale aisée avec sa robe en taffetas, elle incarne surtout le lien filiale qui existe malgré la distance. Les ancres marines, qui agrémentent ce costume, font de Rose le point d’encrage de son jeune fils parti en mer.

Le costume de Rose Surcouf est en deux parties. On découvre tout d’abord la robe-redingote, puis le manteau de robe et les paniers s’enlèvent pour révéler une robe empire. Ce changement de costume nous informe sur le contexte historique et l’évolution de la mode entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. On remarque ainsi que la mode va en se simplifiant. Les éléments qui structurent le corps se réduisent, les paniers et superpositions de jupons disparaissent au profit d’une forme à l’Antique avec une taille haute et un drapé plus léger.
Le corset reste d’actualité sous chacune de ces tenues, mais pour s’adapter aux contraintes de chant et de danse de la comédie musicale, j’ai créé des modèles plus souples, en réduisant le nombre de baleines et en adaptant la forme du corset à la morphologie des chanteuses.

Le père de notre héros est vêtu d’un « habit à la française ». Composé d’un gilet, d’une veste et d’une culotte qui s’arrête en dessous du genoux, l’Habit est caractéristique de la mode masculine du XVIIIème siècle. Il est porté par toutes les classes sociales, la différence se situant dans la qualité des matériaux et des finitions.

Cet habit, en laine et taffetas, agrémenté d’une trentaine de boutonnières ainsi que de quelques discrets ajouts de galons et de dentelle, représente une classe sociale aisée mais loin des paons de l’aristocratie de La Cour. La richesse n’est pas ostentatoire, mais elle transparaît dans les détails. Pas de perruques poudrées ni de visages blanchis, la mode est à la simplicité. Charles Surcouf porte les cheveux en catogan sous un tricorne de feutre garni de plumes d’autruche.

La veste est coupée en biais, projetant son ampleur vers l’arrière et découvrant un gilet et une culotte accordés à la doublure de la veste et surtout, à la robe de Mme Surcouf mère.

Les tableaux :

Vol sur l’Ocean

Véritable parenthèse contemporaine dans un spectacle plutôt historique, les costumes que je présente ici s’inspirent des bateaux, avec leurs grandes voiles blanches balayées par le vent, leurs filets et leurs cordages entrelacés.

Les costumes des femmes sont composés d’une robe en viscose fluide cintrée par un haut en macramé. Les hommes quant à eux portent un pantalon de coton écru, agrémenté d’une longue ceinture de viscose blanche et surmonté d’une chemise ou d’un débardeur filet. Entre matelotage et macramé, c’est un parcours sur l’art du nœud marin. Des nœuds d’écoute simple, appelés aussi nœuds de tisserand, forment le maillage du filet qui va épouser le corps et exacerbé les mouvements des danseurs.

Tous les éléments en macramé ont étés réalisés à la main, ce qui représente plus d’une centaine de nœuds par pièce et près de 1 kilomètre de cordon.

On trouve de nombreuses origines à l’art du macramé. Il pourrait venir des tisserands arabes du XIIIème siècle qui fixaient les extrémités des châles et des serviettes avec des nœuds décoratifs appelés « migramah ».

Une autre théorie nous entraine à bord de voiliers, où les marins désœuvrés durant leurs longs mois en mer, s’occupaient en créant des objets décoratifs à base de nœuds. Déjà rôdés à la pratique des nœuds marins, ils auraient popularisé leur art en le troquant une fois à terre, rependant ainsi le macramé à travers l’Europe et l’Asie.

Saint-Malo

Paniers, corset, jupe en toile et chemise écru, nous avons toutes les caractéristiques d’un costume féminin du XVIIIème siècle. Pourtant un rien le modernise et en fait de suite, un véritable costume de scène.

Il y a d’abord les paniers : plutôt qu’en sous-vêtement, ils sont ici portés sur la jupe et se présentent comme un accessoire décoratif, un rappel des paniers à coquillages sur lesquels viennent s’accrocher des algues.

Le corset prend également le dessus et affiche une pièce d’estomac en toile de Jouy, représentant une scène de marine. Historiquement la richesse de ce tissu ne correspond pas au statut social de ce costume de « villageoise provinciale », mais sur scène il affiche un contexte historique. La teinture très saturée de la jupe et ses vagues de fronces, participent également à la contextualisation de la scène. Ainsi, le bleu de l’océan rencontre le gris des remparts de Saint-Malo.

Le panier en cordage de ce costume a une symbolique bien particulière.

La corde est un élément de la vie quotidienne au XVIIIème siècle, que ce soit de la cordelette de coton utilisée pour lacer un corset ou une épaisse corde en chanvre utilisée sur les chantiers de construction ou les docks.

C’est la grande époque de la marine à voile, chaque navire réclame une grande quantité de cordage et le métier de cordier est particulièrement répandu dans les ports. Si dans la marine le terme « corde » est rarement utilisé c’est qu’il désigne uniquement la corde permettant de faire sonner la cloche (cette cloche étant utilisée pour annoncer un abordage). En outre, sur un bateau, tous les autres cordages possèdent un nom spécifique afin que les marins s’y retrouvent plus facilement lors des manœuvres. Amarre, bout, écoute, guinde, drisse, sont autant de terme qui désigne une corde.

S’il n’existe pas de superstition attestée de l’usage du mot « corde » sur les navires, on l’associe tout de même à la tradition voulant que l’on pende les mutins.

Empruntant son vocabulaire à la marine, le théâtre utilise le mot « corde » uniquement pour désigner celle qui servait à ouvrir la trappe « anti-incendie » dans les théâtres éclairés à la bougie. Au fil des siècles ce terme disparait et devient petit à petit un tabou se référant aux comédiens à bout de misère ou d’insuccès, retrouvés pendus au matin dans un théâtre. 

Avec ses longs filets parsemés de coquillages, les paniers de cette troisième robe, rendent hommage aux métiers de la pêche.

Au XVIIIème siècle la pêche est une affaire de famille. Si c’est l’homme qui part naviguer, les femmes aident à la fabrication et aux diverses réparations des filets de pêche. La dextérité des femmes pour les travaux d’aiguille en fait une main d’œuvre de premier ordre.

La rose bleue, brodée en bas du tablier, est un autre exemple d’ouvrage typiquement féminin. En effet, à cette époque, les jeunes femmes pratiquaient le filage, la couture ou la broderie quotidiennement. Les linges de corps, de literie ou de table, ainsi que certains vêtements, étaient ainsi généralement agrémentés d’initiales ou de motifs brodés.

Les merveilles de l’Île de France

Les costumes du tableau de l’Île de France (aujourd’hui l’île Maurice), sont composés de nuances ensoleillées, de coraux et de fleurs exotiques.

Pour présenter toutes les modes qui ont marqué la France à la fin du XIXème siècle, j’ai créé quelques silhouettes bien reconnaissables, comme ici celle de l’armateur Levaillant en Incroyable. On appelle ainsi les hommes qui, durant le Directoire, arboraient des tenues extravagantes, qui contrastaient ouvertement avec la mode lugubre qui dominait durant la Terreur. Les Incroyables jouaient sur l’exubérance, avec des couleurs chatoyantes, de grands revers de col et des cravates démesurées qui leur conféraient une allure d’Arlequin, que les bas à rayures n’atténuaient en rien.

Le costume du gouverneur Malartic est ce que l’on appel un habit à la française. Il est composé d’une veste longue, d’un gilet, d’une culotte qui s’arrête en dessous du genoux et de bas blanc. À cette coupe traditionnelle s’ajoutent dentelles et perruque, qui font de ce personnage un vestige du passé royaliste français.

Le choix des couleurs et des matières, quand à lui, inscrit le gouverneur dans son environnement. Plutôt que les habituelles roses et arabesques, ce sont des fleurs tropicales qui parsèment l’habit de Malartic et les couleurs pastel sont remplacées par un orange ensoleillé.

Sous l’océan

Poisson betta, crevette stomatopoda, poulpe, tortue, tétra étincelle, poisson léopard, hippocampe ; toutes ces créatures marines ont inspirées les costumes que vous allez découvrir dans ce bal costumé sur le thème “Sous l’Océan”.

Le costume de Marie-Catherine s’inspire de la méduse. L’ombrelle de cet animal est figurée par un panier agrémenté de différentes couches de voiles, tandis que des tentacules irisées ondulent jusqu’au bas de la robe.

Être marin

À bord des vaisseaux de la marine marchande, du XVIIIème siècle, l’équipage n’est pas soumis à un code vestimentaire. On privilégie les toiles épaisses pour résister au froid et aux embruns, comme ici de la toile de coton.
La forme des vestes varie suivant les années, se raccourcissant de plus en plus à mesure que le siècle passe.
La vie en mer use énormément les matières ainsi que les couleurs, qui se délavent au soleil et sous l’assaut du sel marin. Une patine a donc été nécessaire pour rendre l’effet du temps et des conditions météorologiques sur le tissu, allant jusqu’à créer des marbrures bleues sur cette veste par exemple.

Chaque costume de marin est unique et pourvu d’éléments originaux qui nous éclairent sur le rôle du personnage à bord du navire.
On peux ainsi distinguer deux costumes de timoniers, reconnaissables au gouvernail qui orne le chapeau de l’un et les revers de col de l’autre. Si l’on imagine un capitaine à la barre de son navire, ce sont le plus souvent les timoniers qui s’y relaient, pour s’assurer en permanence que le navire garde son cap.

Les rayures sont un motif récurrent chez mes marins et particulièrement sur ce modèle qui mixe les verticales et les horizontales.

Si la rayure à longtemps était réservée aux marginaux (bagnards, bouffons ou prostituées), à partir du XVIIIème siècle et particulièrement de la Révolution française, la rayure devient un symbole de liberté.

Dans la marine sa signification ne s’arrête pas là, puisque les vêtements rayés vont désigner les simples matelots, les gradés portant généralement des couleurs unis. Au-delà de cette distinction hiérarchique, on raconte que les rayures permettaient de mieux repérer un homme tombé à la mer.

La rayure va peu à peu s’imposée dans l’habillement de tous les équipages français, jusqu’à ce que la marinière soit officiellement ajoutée à la liste des tenues de la Marine Nationale par décret du 27 mars 1858.

Dans la marine française l’uniforme apparait très tardivement. Cependant, même si les marins portent leurs effets personnels, ils l’agrémentent souvent d’un élément « à la mode ».

Surcouf n’est pas militaire cependant, sur son navire les hommes sont amenés à vivre en communauté de long mois et surtout à se battre ensemble, ce qui participe à créer un solide esprit d’équipe. Pour marquer leur fierté d’appartenir à cet équipage, les marins de Surcouf portent, dans le spectacle, un jinbaori maintenu par une large ceinture en tissu.

Le terme japonais « jinbaori » désigne originellement une veste sans manches portée sur une armure de samouraï. Si cet élément paraît exotique par rapport au contexte, il ne faut pas oublier que nous avons à faire à des marins voyageant d’un port de commerce à l’autre et s’inspirant de la mode à travers le monde.

Puisqu’il était, à la base, porté sur les armures pour protéger des intempéries, tout en laissant une grande amplitude de mouvement, le jinbaori a certainement pu se retrouver dans l’habillement des marins européens, même s’ils l’ont certainement modifié à leur convenance comme c’est le cas ici.
Le bleu indigo, qui teinte ce jinbaori, est typique de la marine du 18ème siècle français. Ce colorant avait l’avantage de résister à l’eau de mer et au soleil et ses propriétés physico-chimiques permettaient d’éloigner la vermine.

Mariage

La bataille du Kent

Face à l’équipage de Surcouf nous retrouvons les anglais, reconnaissables à leurs tuniques rouges.

En réalité, à la fin du 18eme siècle la marine anglaise porte du bleu et du blanc, tandis qu’en France on arbore du bleu et du rouge, couleurs de la Révolution.
Mais Surcouf n’est pas dans la marine nationale, il est corsaire, il ne répond pas à un uniforme standard et son équipage non plus. Pour surprendre l’ennemi il devait de fondre dans le paysage, se qui banni l’écarlate et privilégie les tond bleus que j’ai utilisé.
Dans le cas des anglais c’est l’inverse, le Kent est un navire lourdement armé et transportant des troupes militaires qui s’affichent fièrement sur les eaux.

Pour démarqué l’équipage anglais dans la bataille, j’ai pris le parti de faire des uniformes à dominante rouge. Dans l’imaginaire collectif les anglais sont facilement associés à cette couleur, ce sont les “tuniques rouges”. Et même si cette expression ne se rapporte en fait qu’à l’armée de terre anglaise, elle sert ici à souligner la dualité entre la France et l’Angleterre.

Le pensionnat